Amie lectrice , ami lecteur à vous je confie,
Car je sais que vous êtes mes amis,
L’un des grands tourments de ma vie .
L’oisiveté dit on est mère de tous les vices
Et j’aurais tant aimé m’y rouler avec délice .
Helas, faisant fi de mes artifices
Mes contemporains , parfois avec malice
Se sont ingéniés à me contrarier .
Tous ont voulu me faire travailler !
Mon instituteur lorsque j’étais écolier,
Un homme pourtant tout de bonté,
S’irritait de me voir buller !
Fallacieux arguments , menaces et chantages
Tout était bon pour me mettre à l’ouvrage !
J’ai tenté de résister malgré mon jeune âge
Las , j’étais condamné à rester en cage .
Plus tard j’ai pu progresser dans cette ambition
Quand sous les drapeaux je défendais la nation,
J’ai trouvé dans l’armée, noble institution,`
Des virtuoses de la dissimulation
Qui m’ont enseigné l’art de faire semblant de travailler ,
Les secrets qu’il faut connaître pour avoir l’air occupé.
Mais les meilleures choses ne sont pas faites pour durer
Et les militaires et moi avons fini par nous séparer.
Le monde du travail m’a happé , des patrons bornés
Réclamaient un peu de labeur pour pouvoir me payer !
Et tu n’as rien à faire? Voila le refrain longtemps seriné,
Alors que tranquille dans mon coin, j’attendais sagement
Qu’arrive de ma journée l’heure du dénouement .
Et pourtant, rêver de paisibles rivages,
De fraîches rivières aux accueillants ombrages,
De parasols en terrasse, dégustant un doux breuvage,
De mignonnes accortes, souriantes , libres pour le badinage
De délicieux instants passés en marivaudage....
L’ambition est modeste et ne fait point de tort
Qui cela contrarie t’il si fort ?
Alors mes amis , si vous n’avez rien à faire
Faisons le ensemble, cela devrait vous plaire !