Ben oui je rappelle que le jour ne s'est pas encore levé!
Bon, quand faut y aller, faut y aller…
Harald a remonté le col de sa canadienne, oui pour un islandais c’est vexant, mais à priori les canadiennes se sont mondialisées, tout le monde en met. Ou en mettait ? Enfin peu importe, il est sorti du bar-tabac presse sans attendre le journal… Le « Reykjavik dag bladet » dans son édition du matin n’était pas encore arrivé à Olavjsvik (je ne sais même plus comment s’orthographie le nom du bled, quel métier qu’écrire !) et il lui faut rentrer à sweet home pour se préparer avant d’aller au taf.
Puis aussi il redoute (un peu) l’accueil que risque de lui réserver la douce, blonde et aimante Güdrun quand il lui fera le bisou du matin avec son haleine de fauve abreuvé d’alcools forts… Il imagine la parade : « mais non chérie (oui il faut y mettre les formes) donc mais non chérie, j’ai croisé Günthar il m’a accompagné jusqu’au bar-tabac et gnia gnia gnia » enfin c’est pas gagné sûr qu’elle va relever assez sournoisement « dans bar-tabac il y a bar » car c’est une fille de viking à qui on ne raconte pas des sornettes…
Son pas résonne gaiement sur le chemin encore gelé, il est malgré tout de bonne humeur, car enfin, hein, il n’y a pas de raison , mais non… après tout , puis aussi c’est pas grave et tout le monde sait que Günthar est un sacré soiffard, moi je me suis juste borné à remettre ma tournée parce que sinon ça porte malheur…
« Laï laï yolo yolo laï laï » la bonne humeur lui est revenue, ça y est, la douce blonde et aimante Güdrun lui dira « mais c’est rien mon chéri » et peut être que pourquoi pas ils se livreront à des jeux de mains ?
« Laï laï yolo yolo laï laï » il s’est mis à yodler de bon cœur, une forme d’euphorie peut être liée au jour qui ne manquera pas de s’annoncer, ou encore causée par les vertus bien connues de l’akvavit, lui donne des ailes !
« Laï laï yolo yolo laï laï » et son chant s’envole dans le ciel pur du petit matin islandais…
Ce qu’il ne sait pas c’est qu’il utilise une forme de vocalise en usage dans les montagnes du Tyrol autrichien. Il nous fait une tyrolienne ! Pas cet instrument utilisé par les façadiers et qui permet à l’aide d’un dispositif ingénieux actionné par une manivelle de projeter du crépi sur un mur, non il chante ce chant vigoureux des fiers bergers montagnards dont le chapeau est orné d’une plume d’aigle, vêtus de culottes courtes en cuir avec des bretelles du même métal… Mais il n’en a cure, il se fout du tiers comme du quart du Tyrol et des tyroliennes…alors « Laï laï yolo yolo laï laï » et le voilà devant la porte de la modeste maison familiale. Dont il n’a pas la clé ! Qui est restée sur le comptoir du bar-tabac…Avec la fougasse… Aïe, ça se complique sévèrement. Que faire ? Tant pis, quand faut y aller (voir plus haut), donc il gratte d’un doigt timide à l’huis de la modeste maison familiale, ce nid douillet construit avec amour jour après jour pour abriter le bonheur simple et tranquille auquel aspirent tous les vikings du monde.
Puis rien.. Pas de réaction, aucun bruit à l’intérieur, elle dort encore ? Alors il gratte un peu plus fort, puis s’enhardit, « chérie, c’est moi Harald, ouvre mon cœur , j’ai dû laisser mes clés sur la table de la cuisine (la mesa de la cocina), ouvre ça pèle méchant». Hein qu’il est astucieux le Harald ? Sur la table de la cuisine ! Il dira « tiens elles n’y sont pas ? J’étais sûr pourtant… Où j’ai pu les laisser etc…. » Comme ça Güdrun dont je rappelle qu’elle est blonde douce et aimante cherchera avec lui et p’têtre que, va savoir, ils feront un peu de catch conjugal avant d’aller au taf ?
A suivre!!!