LE VETEMENT

Le Vêtement

O Je ne me trouve pas dans mes affaires
Pas plus que je ne sais faire avec hier
Je cherche ce que je sais bien être ailleurs
Je me goure de vie, de passé, de bonheur

Où l'avais-je rangé cette robe bleue
Que j'aimais de me faire me sentir mieux ?
Et ce vase et ce ruban et ce portrait
Ces choses d'avant cette sombre soirée ?

Je fouille à bras le corps dans les piles strictes
Je remue et dérange ce qu'on me dicte :
Pas de sens à tout ça, ni voie au delà
Pas de choix entre mes doigts, c'est juste là.

Les années se relaient, mon rire s'éteint
Aux couches parallèles de mon destin.
Un ou plusieurs soleils renaîtront demain
D'autres vêtements tout aussi importuns.

Si fluides et douces les étoffes glissent
Comme une aquarelle au fort goût de réglisse
Elles lavent et délavent mes souvenirs
Étouffent tous mes sanglots et mes soupirs

Quelque part, bien caché, O j'en suis bien sure
J'ai mis mon coeur et ma foi sans écorchure
Tout mon amour et peut-être un peu de joie
Pour les faux-jours trop obscurs que j'aperçois

Dites ? Il ne tient à quoi de les voir repoindre ?
J'essaie d'imaginer, parfois de les peindre
J'en rêve la nuit et puis lève un velours
De ma pile de bleu à mettre ce jour...

© Michèle Schibeny