Réouverture du musée Henner

Jean-Jacques Henner était un peintre académique mais au fond inclassable", explique monsieur Rapetti, le directeur de ce beau musée tout juste rénové et qui a rouvert ses portes cette semaine. Dans cet hôtel particulier, l'un des rares de la plaine Monceau à avoir échappé à la destruction, les couleurs d'origine ont été retrouvées et appliquées sur les murs qui abritent l'oeuvre et la collection du peintre Henner.

Né en 1829 en Alsace, il a très tôt montré des talents pour le dessin, et sa famille paysanne a su lui donner les moyens de venir à Paris et d'y étudier. Après deux échecs, il réussit à obtenir le grand prix de Rome en 1858 et devient peu à peu un peintre mondain, occupant une place reconnue dans la société d'alors. Ses amis Manet et Degas insistent pour qu'il suive le courant naturaliste mais il détruira l'une de ses toiles "La Toilette", que Manet admirait pourtant, car elle avait été peu appréciée par le public ! Fin d'un acte. Profondément influencé, comme bien des peintres de ce siècle, par l'Italie, il se tourne pourtant plutôt vers les peintres vénitiens et le Correge que vers Raphaël. Henner développe un style nourri de scènes de l'Antiquité, un "sfumato" très italien, et s'attache à peindre des personnages, des femmes surtout, à la crinière rousse. La rousse est sa marque de fabrique : "C'est un Henner !". À tel point qu'il demanda au modèle (mâle) qui posait pour "le Christ aux donateurs" de mettre une perruque... rousse : "Ça va mieux ainsi", déclara-t-il.

Célibataire, menant la belle vie, il recevait peu chez lui mais se montrait dans les salons et les cafés à la mode. Son atelier, qu'il partageait avec Puvis de Chavannes, se situait à Pigalle. Il ne vécut donc jamais dans l'hôtel qui devint son musée. Celui-ci appartenait à un autre peintre, Guillaume Dubuffe, également grand décorateur (on le voit au soin des moucharabiehs, des teintes choisies...) et fut racheté par la nièce de Henner pour en faire le musée Jean-Jacques Henner.

Que voit-on ici ? Les célèbres peintures de "L'Alsace. Elle attend" (1871), portrait d'une jeune Alsacienne en deuil, à la suite de l'abandon de l'Alsace-Lorraine à l'empire allemand, allégorie qui a essaimé dans les livres d'histoire, le très magique "La Source" et son pendant "La Fontaine", etc. Et, trésor absolu et qu'on ne soupçonnait pas ici : une série complète des eaux-fortes de la Tauromachie de Goya, un des chefs-d'oeuvre de l'histoire de la gravure. Présentées dans une pièce à part, ces splendeurs furent offertes à Henner par Anatole Faugère-Dubourg à la suite d'un voyage en Espagne, au cours duquel Henner avait peu apprécié l'art tauromachique mais grandement admiré Goya. Merci Anatole !

Musée Jean-Jacques Henner , 43 avenue de Villiers, Paris 17e. 01 47 63 42 73. Métro : Malesherbes, Monceau
ouvert de 11 h à 18 h tous les jours sauf mardi. Nocturne jusqu'à 21 h, le 1er jeudi du mois. Accès pour les personnes handicapées
Tarifs : 5 euros, tarif réduit : 3 euros.

DIAPORAMA DE L EXPOSITION
DE JEAN-JACQUES HENNER

LE MUSEE HENNER