Michèle Schibeny Admin
Nombre de messages : 5494 Age : 63 Localisation : LES MAZURES Emploi/loisirs : Poète, Photo-Infographiste, Peintre Humeur : artistique ! Date d'inscription : 30/09/2008
| Sujet: Une famille assassinée à l'âge de pierre ... Mar 18 Nov - 17:22 | |
| Une femme, un homme et leurs deux enfants : les restes de la plus vieille famille "nucléaire" jamais découverte ont été identifiés récemment par des archéologues européens. Selon leurs travaux publiés dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences (PNAS) datées du 17 novembre, les archéologues sont allés de surprise en surprise, depuis la découverte, en 2005, de quatre sépultures à Eulau, en Saxe-Anhalt (centre de l'Allemagne).
Les restes de treize personnes au total ont été découverts dans les tombes. Tous avaient été enterrés simultanément, environ 4 600 ans avant l'ère chrétienne. Le plus intriguant pour les scientifiques a été la manière dont les corps étaient disposés, qui semblaient être le reflet des relations des défunts. Plusieurs paires de personnes étaient ensevelies se faisant face avec souvent leurs bras et mains entrelacés, alors même que les rites de l'époque montrent que les cadavres étaient systématiquement ensevelis face vers le sud. L'exception aurait été faite justement pour consacrer les liens particuliers qui unissaient les morts.
De fait, pour quatre d'entre eux, les tests ADN ont confirmé l'hypothèse de liens familiaux. Une analyse ADN a permis aux scientifiques de déterminer qu'il s'agissait bien de la mère, du père et de leurs deux fils âgés de 8 à 9 ans et de 4 à 5 ans respectivement. "A notre connaissance, il s'agit de la plus ancienne preuve génétique moléculaire d'une cellule familiale", explique l'archéologue Wolfgang Haak, de l'université d'Adélaïde (Australie), principal auteur de cette étude, tout en soulignant que cela "ne prouve pas que la cellule familiale de base soit un modèle universel ou la plus ancienne institution des communautés humaines".
MARIAGES EXOGAMES
Toutes les sépultures contenaient des restes d'enfants et d'adultes dans la trentaine ou plus. Fait intéressant : il n'y avait pas d'adolescents, ni de jeunes adultes. Un grand nombre de corps – des ossements, des mâchoires, des dents... – montraient des traces de blessures indiquant que les victimes avaient été violemment agressées. L'absence de jeunes hommes semble indiquer qu'ils étaient hors du campement lorsque celui-ci a été attaqué. Et c'est sans doute ces mêmes jeunes qui ont ensuite enterré leurs femmes, leurs enfants, et les autres membres de leur famille d'une façon si particulière. Des découvertes "émouvantes", pour le Dr Haak, cité par la BBC : "Nous ne savions pas si, dans cet environnement préhistorique extrêmement violent, il y avait de la place pour des relations d'amour."
Les chercheurs ont reconstitué cette tragédie de l'âge de pierre en recourant à des techniques avancées d'analyse génétique. Ils ont également utilisé l'isotopique du strontium, un élément chimique proche du calcium naturellement présent dans les roches et les sols. Absorbé avec la nourriture, le strontium est incorporé dans les dents lorsque celles-ci poussent, et son analyse permet de déterminer la région d'origine d'un individu. Les chercheurs ont pu ainsi faire la lumière sur l'organisation sociale au néolithique. Alistair Pike, archéologue de l'université de Bristol (Grande-Bretagne) et codirecteur de ce projet, précise, à la lumière de ces analyses, que "les femmes avaient passé leur enfance dans des régions différentes de celles où les hommes et les enfants avaient grandi". Ce qui, explique-t-il, montre l'existence de mariages hors des communautés d'origine et aussi le fait que les femmes suivaient leur conjoint, des traditions qui devaient être importantes pour éviter des alliances consanguines et forger des relations avec d'autres groupes.
Extrait du journal Le Monde du 18/11/2008
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